On ne fait pas la politique de Richelieu avec l’armée de Léon Blum. « Amiral Jean Louis Xavier François Darlan ».

 

Oui, je sais que la phrase qui sert de titre va faire hurler la gauche. Comment peut-on encore oser citer, à notre époque antifasciste, vigilante et citoyenne, un collaborateur du gouvernement de Vichy ? Car cette phrase est de l’amiral Jean Louis Xavier François Darlan et a été prononcée juste après la débâcle de juin 1940. J’ose tout simplement parce que cette phrase énonce une vérité, et que la vérité se moque bien des camps.

La puissance militaire est indispensable. Comment défendre la patrie, défendre ses intérêts de par le monde, soutenir sa diplomatie s’il n’y a pas une armée puissante pour en imposer ? Léon Blum en son temps avait fait le choix de refuser la création d’unités blindées modernes. Ce qui n’empêcha pas la France de se lancer dans une sorte de poker menteur en prévenant qu’elle respecterait les traités d’alliance qu’elle avait conclus. Or, tout joueur sait cela, pour se lancer dans un bluff, il faut quand même avoir quelques cartes en main. Sans compter qu’il faut être bon dissimulateur, faute de quoi on se fait plumer et on passe pour un guignol.

Les socialistes ne semblent rien avoir appris de l’histoire. D’un autre côté, si les membres de la promotion Voltaire avaient appris quoi que ce soit, cela se saurait. Et l’histoire repasse les plats. Sous prétexte d’économies nos gouvernants sont en train de mettre nos armées en pièces. Certes, ils continuent l’oeuvre entamée il y a bien longtemps, mais avec les dernières mesures d’économies décidées et annoncées il y a peu, ils passent au braquet supérieur. Pour autant ces faquins affectent d’avoir des prétentions à l’international. Intervention au Mali, alignement servile de la France sur la position américaine dans l’affaire syrienne. Alignement qui n’empêcha pas le camouflet du rendez-vous russo-américain auquel la France ne fut pas conviée. Comme si les maîtres invitaient les valets lorsqu’il y a des discussions d’importance.

En choisissant de démanteler nos forces, nos gouvernants ont fait le choix du déshonneur en privant la Patrie des moyens de se faire entendre et respecter. Parce que c’est insupportable pour qui porte en son cœur l’amour de la France, parce qu’ils ont fait le choix du déshonneur en préférant être serviles plutôt que d’avoir les moyens de s’inviter dans les affaires du monde sans avoir à demander l’autorisation, un groupe d’officiers supérieurs regroupés au sein d’un club de réflexion, intitulé  » Les sentinelles de l’agora « , a fait le choix de briser le silence de la grande muette et de publier le manifeste reproduit ci-dessous, auquel j’adhère sans réserve.

MANIFESTE POUR LA SAUVEGARDE DE NOS ARMÉES

Le démantèlement de l’institution militaire arrive à son terme.

Infiniment plus que l’actuelle disette budgétaire, la fin de la guerre froide, les impératifs de l’Etat-providence et la volonté des « postmodernes » d’en finir avec le « fracas des armes » ont été les abrasifs les plus puissants pour réduire, en moins d’un demi-siècle, l’armée française à l’état d’échantillon.

La force militaire est passée, dans le silence et la dénégation, du statut d’institution régalienne majeure à celui d’une société de services que l’on rétribue à la tâche. Le couronnement de cette efficace entreprise de démolition a été de placer la haute hiérarchie aux ordres d’une administration civile de défense qui prospère sans frein, au prétexte de recentrer les militaires sur leur cœur de métier.

Le soldat, « ravalé à la fonction d’homme de peine de la République », est prié de verser son sang dans le silence et l’indifférence en se soumettant aux règles strictes d’un devoir d’Etat pourtant largement déserté par ceux censés le faire mettre en œuvre et le faire respecter. Ce désastre consommé ne peut plus être confiné sous l’éteignoir d’un « devoir de réserve de la grande muette », caution hypocrite et confortable à la disposition de tous les habiles pour esquiver dans le confort de la chose publique leurs responsabilités envers la Nation.

Des fautes multiples :

C’est en effet une grande faute que de sacrifier le bras armé de la France au gré des idéologies de rencontre et de quelques embarras financiers. C’est une faute en regard du monde tel qu’il s’organise et dont chacun sait qu’il réservera de fâcheuses surprises. L’absence actuelle de menace militaire majeure n’est qu’un simple moment de l’Histoire.

Son calme apparent ne doit pas masquer les reconfigurations géopolitiques qui marginaliseront, pire élimineront sans pitié les nations au moral défaillant. C’est une faute vis-à-vis de la sécurité des Français de faire ainsi disparaître un pilier majeur de la capacité de résilience du pays face à une éventuelle situation de chaos, dont nul ne peut préjuger le lieu, l’heure et la nature. Pour y faire face, seule une force armée peut et doit offrir les moyens suffisants, servis par des hommes et des femmes structurés par les valeurs puissantes du devoir et de l’obligation morale.

C’est une faute d’éliminer l’une des institutions « fabriques de liens » dont la France a un urgent besoin face à l’action déterminée de forces centrifuges, dont elle est coutumière, et mises généralement au service d’intérêts particuliers et communautaristes.

Il est donc plus que temps de rétablir la puissance et l’efficacité d’une institution d’Etat « pour le dedans comme pour le dehors » et de permettre à la France de se remettre à penser en termes de risques et de puissance stratégique. Elle en a les moyens.

Elle doit le faire sans l’attendre d’une Europe, puissance inexistante, ou d’une soumission transatlantique délétère voire de plus en plus illusoire.

Que rétablir et comment ?

Les voies et moyens pour rétablir une institution, désormais comateuse, sont nombreux et divers. Ils n’attendent qu’une impulsion réparatrice, après des décennies de mesures irresponsables. Ils ne pourront, cependant, faire l’économie d’un certain nombre de dispositions, dont l’abandon ou le travestissement ne sont plus acceptables.

D’abord, un budget décent qui permette à nos soldats de disposer de l’entraînement et des équipements nécessaires, et au politique de s’engager sans le soutien déterminant des Etats-Unis, tout en évitant le stupide tout ou rien nucléaire.

Ensuite, des hommes et des femmes en nombre suffisant. Rien d’efficace et de durable ne peut se faire sans des effectifs capables de marquer dans la durée, sur et hors du territoire national, la volonté et la détermination de la Nation.

Avec, bien entendu, une organisation des forces parfaitement univoque, tout en faisant la répartition qui convient entre des professionnels en nombre suffisant et les citoyens en armes qui doivent impérativement revenir au centre de notre dispositif sécuritaire et identitaire.

Enfin, une répartition équilibrée, entre l’exécutif et le Parlement, des responsabilités qu’autorise la Constitution, laissant au militaire le devoir d’exercer librement son conseil, tout en administrant et mettant en œuvre les forces autrement que par le canal malsain d’une administration de défense d’autant plus intrusive qu’elle se sait irresponsable.

Autant de mesures indispensables qui seront déclinées, point par point, dans des documents à venir et dont les signataires du présent document demanderont, avec détermination et constance, la réalisation pour le bien public. Il est grand temps de rénover et de renouveler le contrat de confiance de la République avec ses soldats.

S’il n’est pas trop tard, il devient urgent de lui redonner la vigueur indispensable sans qu’il soit besoin de recourir à des formes de représentation qui, bien qu’étrangères à notre culture militaire, pourraient s’avérer, un jour peut-être proche, le seul moyen pour nos soldats de se faire entendre.

Le 30 septembre 2013

http://koltchak91120.wordpress.com/2013/10/11/on-ne-fait-pas-la-politique-de-richelieu-avec-larmee-de-leon-blum/

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