Avec la sortie du film « Tirailleurs », https://www.radiofrance.fr/franceinter/tirailleurs-une-mise-en-scene-lourdingue-mais-un-omar-sy-incroyable-selon-le-masque-9286510 une polémique est en train de naître au sujet des pertes des contingents africains au cours de la 1° Guerre Mondiale.
De façon à couper court à toute manipulation, vous trouverez ci-dessous un bilan des pertes humaines du côté français au cours de la 1° Guerre Mondiale ; ce bilan fait bien le point entre les Français de souche (qu’ils soient originaires de métropole ou d’Afrique du Nord) et les soldats d’origine africaine, baptisés souvent « Tirailleurs sénégalais ».
Je vous laisse le soin de la diffuser chacun à votre niveau.
Fidèlement. »
GAL Bruno Dary, Président du CNE.
Objet : Effectifs et les pertes des « Métropolitains » et des « Africains » durant le Premier conflit mondial.
Il est triste de devoir faire un « exercice comptable » concernant les effectifs et les pertes des « Métropolitains » et des « Africains » durant le Premier conflit mondial
J’y suis cependant contraint par les déclarations idéologiques de l’acteur Omar Sy qui, à travers elles, ajoute sa touche à la grande entreprise de réécriture de l’histoire de France[1].
J’ai déjà répondu à cette question dans un communiqué de l’Afrique Réelle en date du 13 mai 2016 dont le titre était « La France n’a pas gagné la Première guerre mondiale grâce à l’Afrique et aux Africains ».
Au total, la France eut 8.207.000 hommes sous les drapeaux. Laissons donc parler les chiffres[2] :
1) Effectifs de Français de « souche » (Métropolitains et Français d’outre-mer et des colonies) dans l’armée française durant le Premier
conflit mondial
2) Effectifs africains
– Le Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) fournit 218.000 hommes (dont 178.000 Algériens), soit 2,65% de tous les effectifs de l’armée
française.- Les colonies d’Afrique noire dans leur ensemble fournirent quant à elles, 189.000 hommes, soit 2,3% de tous les effectifs de l’armée française.
– Les pertes des Maghrébins combattant dans l’armée française furent de 35.900 hommes, soit 16,47% des effectifs.
– Les chiffres des pertes au sein des unités composées d’Africains sud-sahariens (les Tirailleurs) sont imprécis. L’estimation haute est de 35.000 morts, soit 18,51% des effectifs ; l’estimation basse est de 30 000 morts, soit 15.87%.
Ces chiffres contredisent donc l’idée-reçue de « chair à canon » africaine d’autant plus qu’au minimum, un tiers des pertes des Tirailleurs « sénégalais » furent la conséquence de pneumonies et autres maladies dues au froid, et non à des combats. D’ailleurs, en 1917, aucune mutinerie ne se produisit dans les régiments coloniaux, qu’ils fussent composés d’Européens ou d’Africains.
Enfin, une grande confusion existe dans l’emploi du terme « Coloniaux ». Ainsi, l’héroïque 2° Corps colonial engagé à Verdun en 1916 était composé de 16 régiments (pour 254 régiments et 54 bataillons composant l’Armée française), mais ces 16 régiments étaient largement formés de Français mobilisés, dont10 régiments de Zouaves composés majoritairement de Français d’Algérie, et du RICM (Régiment d’infanterie coloniale du Maroc), unité alors très majoritairement européenne.
Autre idée-reçue utilisée par les partisans de la culpabilisation et de son corollaire qui est « le grand remplacement » : ce serait grâce aux ressources de l’Afrique que la France fut capable de soutenir l’effort de guerre.
Cette affirmation est également fausse car, durant tout le conflit, la France importa 6 millions de tonnes de marchandises diverses de son
Empire et 170 millions du reste du monde.
Conclusion :
Des Tirailleurs « sénégalais » ont courageusement et même héroïquement participé aux combats de la « Grande Guerre ».
Gloire à eux !
Cependant, utiliser leur mémoire pour des buts idéologiques est honteux car, durant la guerre de 1914-1918, ils ne composèrent que 2,3 % du corps de bataille français.
Bernard Lugan
[1] Sur toute l’entreprise de falsification de l’histoire de la colonisation française on lira mon livre « Colonisation l’histoire à l’endroit .Comment la France est devenue la colonie de ses colonies » publié en 2022
Qu’en est-il des morts ?
Question presque obscène. Il s’avère selon M. Lugan que l’armée de Mangin a perdu autant d’hommes que celles des autres généraux. La faute à « l’offensive à tout prix » du règlement de combat, portée à l’outrance jusqu’en 1916 par des généraux comme Robert Nivelle. Si nos tirailleurs n’en eurent pas plus, ni moins, ils en eurent autant. Aussi étaient-ils en attente des mêmes droits que leurs frères d’armes. C’est une ignominie que d’avoir chipoté sur les pensions pour des raisons budgétaires, sous-tendues par un racisme larvé dans les rangs de l’administration française.
Et si on veut bien parler de la guerre de 39-40, les troupes noires furent exposées en plus à la logique d’extermination des nazis quand elles durent se rendre.
Je ne blâme donc pas Omar Sy pour sa « provocation ». Il est de douloureux rappels qui règlent les pendules.
Bien d’accord avec l’analyse de Catoneo. Mais permettez-moi une question essentielle : qu’étions-nous allés faire dans cette galère coloniale ? Sachant combien elle fut non seulement un échec mais aussi une faute que nous n’avons pas fini de payer.
Post scriptum : j’aurais préféré que le titre de cet article fut « Qu’en est-il des morts… » plutôt que « Quand est-il des morts… »