Cette partie n’est pas encore la dernière, et elle a pour objet :
Le diagnostic du passé de la situation existante :
En fait, c’est le cœur du sujet !
Ce diagnostic va nous amener tranquillement vers la cause première, le fondement, le pourquoi du pourquoi, de la situation existante de la France ; non seulement la situation actuelle mais aussi toute la chaîne des précédentes, de la chute de la Royauté Très Chrétienne à nos jours.
Je terminais l’article précédent (Part.2) par deux questions venant immédiatement à l’esprit après lecture du constat d’échec des stratégies antérieures de retour du roi Très Chrétien.
- Pourquoi la propension à ces insuccès systématiques ?
- Quel fait capital conduit à un empêchement rédhibitoire ?
Certains objecteront que ces échecs sont multi-causes et qu’il ne saurait y avoir qu’un seul fait qui entraîne systématiquement les fiascos de restauration royale constatés historiquement, comme le désamour des Français pour la Royauté Très Chrétienne, l’ardeur des partis républicains, la nostalgie des Français pour l’Empire et ses gloires (en oubliant ses calamités)… et toujours, et encore, la trahison des élites jointe à la versatilité populaire.
Soit !
Cependant, dans ces disgrâces, dans ces errances et ces déconvenues, il y a quelque chose d’étrange et d’invariable par l’inclination à l’effondrement, au renversement, et, je dirais, à l’effacement implacable, de tout retour ou tentatives de retour, en France, à la monarchie ou à la royauté.
Cette constatation est capitale, parce qu’inédite dans l’histoire des régimes politiques des autres pays, qui pour certains connurent des situations similaires à la France, mais revinrent à leur régime politique originel, souvent réformé et y restèrent.
Alors, quelle est donc l’origine de cette entrave profonde et intime si particulière à la France, quel est cet obstacle existentiel qui la provoque, quelle cause première à caractère ontologique en est le fondement primitif et consubstantiel ?
Il y a quelques semaines, je demandai aux lecteurs du blog : « Que proposez-vous chers amis, pour obtenir la salut de notre pays, qui implique le retour du roi, comme solution TEMPORELLE ET PRATIQUE, RÉALISABLE IMMÉDIATEMENT… ET PAR NOUS-MÊMES (pauvres petits intervenants du blog de la Charte de Fontevrault), POUR UN RÉSULTAT EFFICACE ET PÉRENNE ?
Car, ici, on lit souvent des lamentations et des gémissements, on voit passer des regrets et de la grogne, on ressent les malaises et les amertumes, et on touche au désespoir qui quelques fois le cède à la désespérance.
Ce n’est pas un reproche car c’est une réaction justifiée et bien humaine, mais hélas bien stérile aussi.
Or, après avoir lu les quelques rares réponses obtenues, je note qu’il n’y a pas de solutions proposées répondant aux caractéristiques de la question.
Par contre, j’ai obtenu de vagues pistes :
. « Révolte contre l’inacceptable »…
Peut-on l’organiser dès maintenant et nous-mêmes ? Comment concrètement, et à quelle échéance ?
. « Instauration d’un régime monarchique (je dirai, moi, plutôt royal)…
De quel type ? Peut-on le mettre en place dès maintenant et nous-mêmes ? Comment concrètement, et à quelle échéance ?
En fait, personne ne répond à la question parce que personne ne peut y répondre. Et personne ne peut y répondre parce que ma question formule un qualificatif impératif qui est irréalisable actuellement, sinon ce serait déjà fait depuis bien longtemps dans cette période de 234 ans.
Ce qualificatif est « TEMPORELLE »… solution temporelle », c’est-à-dire uniquement « solution humaine, simplement humaine », puisqu’en politique, seule celle-là est considérée comme digne de foi et de crédibilité, et que seule celle-là est dite sérieuse, tangible, concrète, non-illusoire ni issue de divagations quelconques comme il est souvent évoqué.
Personne n’a donné de solution immédiate et efficace, c’est-à-dire « qui produit l’effet attendu », parce que cette solution temporelle n’existe tout simplement pas, et en réalité chacun le présage très bien et le regrette beaucoup au fond de soi-même…
Mais, je vous vois aussitôt me retourner ma question :
« Alors quelle solution immédiatement efficace est possible ? »
Il faut d’abord trouver la cause première évoquée plus haut (la seule et vraie) de tous les maux de notre pays, et surtout ne pas prendre les conséquences de cette cause pour la cause elle-même comme beaucoup le font et pas les moindres historiens passés ou actuels.
Pour la trouver, il faut répondre à cette unique question, d’où découlera immédiatement et infailliblement la solution nécessaire :
Quelle est la durée exacte de la Révolution française ?
En d’autres termes :
Quelles sont les dates de début et de fin de la Révolution françaises ?
Ah, j’allais oublier : Pour réussir, il faut connaître la différence qui existe entre « une évolution » et « une révolution »… Une petite idée ?
Eh bien, une évolution est une révolution qui n’en a pas l’air.
Donc, pour trouver sûrement ces dates, il faut rechercher l’événement clé qui provoque un basculement politique,.. visible, incongru, irrémédiable et inconnu jusqu’alors.
En fait, c’est très simple.
Considérons d’abord son début.
Ainsi :
. Est-ce l’ouverture des États Généraux par Louis XVI, le 5 mai 1789 ?
Non, il y en avait eu dans le passé, le dernier en 1614 sous Louis XIII.
. Est-ce la demande du Tiers-État de se joindre aux représentants de la Noblesse et du Clergé pour que les trois ordres puissent conférer ensemble, au lieu de le faire séparément comme auparavant ?
Non, cette demande avait déjà été faite en 1614, et accordée.
Le basculement politique, jamais vu jusqu’alors, est d’ordre juridique.
Il a lieu le 17 juin 1789.
C’est la suppression unilatérale, face et à l’encontre du roi, des trois ordres, et la décision du vote par tête. Des députés de la Noblesse et du Clergé se joignent aux députés du Tiers, et l’ensemble SE PROCLAME Assemblée Nationale mettant le roi devant le fait accompli.
C’est le premier acte révolutionnaire dans tout son éclat.
Nous avons ainsi la date de début de la Révolution. : 17 juin 1789 !
En ce 17 juin 1789, la Révolution française commence… par un coup d’État !
Trois jours plus tard, le 20 juin 1789, dans la salle du Jeu de Paume, la nouvelle Assemblé PREND LA DÉCISION formelle, et jurée, de donner une Constitution à la France. Elle S’INSTITUE Assemblée Nationale Constituante, va siéger 27 mois jusqu’au 3 septembre 1791, et S’ARROGE unilatéralement le pouvoir législatif appartenant au roi.
C’est le deuxième acte révolutionnaire, corollaire du précédent.
Considérons maintenant sa fin :
Les uns disent : « Elle n’est [toujours] pas terminée ! ».
D’autres contestent aussitôt : « Non, elle finit en 1804 à l’institution du Ier Empire ! »,
(sans doute à cause de l’anagramme célèbre de : « REVOLUTION FRANÇAISE », qui devient : « UN VETO CORSE LA FINIRA »),
D’autres encore répondent : « Pas du tout, elle se conclut avec Thermidor ! »
Ou encore : « Vous n’y êtes pas, c’est au 21 janvier 1793, dans l’exécution du roi ! »
Ou alors : « Voyons, il est évident que c’est à la Restauration en 1814 ! »
Et aussi : « Pas si sûr, puisqu’il y eut une reprise en 1830 et en 1848 ! »
Et ainsi de suite… !
Pour se mettre sur la bonne piste de la date exacte de sa fin, il faut considérer avec sérieux la réflexion de certains politiques ou politologues, voire d’historiens, qui apparaît de temps à autre dans les entretiens médiatiques :
« Dans la Révolution, j’accepte 89, mais je rejette 93 ! »,
ou quelque chose de semblable.
Voilà un aphorisme qui est perspicace, lumineux et intéressant à décortiquer.
Pourquoi cette différence d’appréciation ?
Entre les deux, considèrent-ils alors une différence d’intensité, confessent-ils une volonté et une recherche d’autorité de la Constituante au moyen de la terreur de la Convention, regrettent-ils un changement de procédure ou une adaptation, dus aux circonstances ?
Mais s’il est évident qu’ils raisonnent avec leur esprit, leur intellect, en faveur de la première, et avec leur cœur , leur émotivité, en faveur de la seconde, bref avec leur cerveau droit pour l’une et celui de gauche pour l’autre, ne soupçonneraient-ils pas, subliminalement, plutôt une différence de nature entre les deux périodes ?
Eh oui, différence de nature… !
Comme la différence de nature entre une cause et une conséquence !
Alors, la date de fin de la Révolution ?
C’est très simple pour la trouver… Il suffit de suivre la logique des révolutionnaires et aller avec eux jusqu’au terme et à l’objet de leur serment.
Le 3 septembre 1791, avec une morgue inouïe, aucun d’eux ne se levant ni ne se découvrant devant le roi, et même le laissant debout devant eux, ils imposent, plutôt qu’ils ne présentent, la Constitution nouvelle à Louis XVI pour l’entériner… de gré ou de force.
C’est le 3ème et dernier acte révolutionnaire, conclusion des deux autres.
Le 14 septembre 1791, le roi accepte et prête serment et fidélité sur la Constitution. Elle entre en vigueur immédiatement.
Aussitôt :
. Il y a substitution de notre ancienne Constitution inscrite au Prologue de la Loi salique « Vive la nation des Francs, illustre, qui a Dieu pour Fondateur ! »,
. La Monarchie Constitutionnelle vient de naître !
. La Royauté Très Chrétienne de Droit divin est abolie !
. Le Christ, comme Roi de France, est déchut, détrôné, rejeté et mis hors de Son Royaume !
. Ipso facto, le roi doit rendre des comptes à l’Assemblée Nationale… au Peuple, sur sa gestion comme roi des Français, et non plus à Dieu sur sa mission de Lieutenant et roi de France !
. Les révolutionnaires, les officines et autres Lumières sont arrivés à leur réel fin :
La Fille aînée, épée et bouclier de la Sainte Église vient d’être désarmée ; l’Église devient vulnérable, seule et en mortel danger !
Le 14 septembre 1791 est la date la plus funeste de l’Histoire de France !
Le 14 septembre 1791, la Révolution est accomplie, achevée, consommée !
Le 14 septembre 1791, c’est la date de fin de la Révolution française !
Ce 14 septembre 1791, les conséquences commencent…
Et elles vont apparaître immédiatement et s’enchaîner rapidement :
. La Monarchie constitutionnelle ne dure qu’un an,
. La République est proclamée,
. Le roi est exécuté,
. La Terreur est installée,
. La Persécution de l’Église et des chrétiens est instituée,
. Le populicide de la Vendée est mis en œuvre,
. Massacres, guerre civile et purge thermidorienne,
. Corruption, licence et répression du Directoire,
. Coup d’État de Bonaparte,
. Guerres révolutionnaires napoléoniennes :
4,5 millions de morts pour l’ensemble des pertes civiles et militaires causées par les combats et les épidémie (Estimation en 2023 des historiens Vincent Haegele et Frédéric Bey, dans l’Infographie de l’Empire napoléonien)…
… Et la suite !
Pour résumer ces conséquences dans le bouleversement institutionnel et politique de la France, voici la listes des régimes successifs, avec leur durée respective, que s’est donné notre pays, de 1791 à nos jours :
. La Monarchie Constitutionnelle, de 1791 à 1792 : 1 an,
. La 1ère République, de 1792 à 1804 : 12 ans,
. Le 1er Empire, de 1804 à 1814 : 10 ans,
. La Restauration, de 1814 à 1830 : 16 ans
. La Monarchie de Juillet, de 1830 à 1848 : 18 ans,
. La 2ème République, de 1848 à 1852 : 4 ans,
. Le 2nd Empire, de 1852 à 1870 : 18 ans,
. La 3ème République, de 1870 à 1940 : 65 ans institutionnellement, et moins de 70 ans avec le gouvernement provisoire (1871-1875),
. L’État Français, de 1940 à 1945 : 5 ans,
. La 4ème République de 1946 à 1958 : 12 ans,
. La 5ème République est actuellement, à 67 ans, sous perfusion et en soins palliatifs. D’aucuns envisagent de l’euthanasier !
C’est 11 régimes politiques différents en 234 ans, soit un changement de régime tous les 21 ans c’est-à-dire à chaque génération…
C’est unique dans les annales politiques du monde entier !
C’est à comparer aux 1295 ans de la Royauté Très Chrétienne !
Depuis ce 14 septembre 1791, les conséquences de la Révolution se manifestent, s’accumulent et s’enchaînent inéluctablement, toujours nourries de l’esprit révolutionnaire exacerbé d’un prurit de changements sociétaux et politiques… et humainement parlant ce n’est pas prêt de s’arrêter… jusqu’à faute de combattants.
Comme Mgr Pie, évêque de Poitiers avait raison : « Si le Christ ne règne pas par les bienfaits de Sa présence, il règne par les méfaits de Son absence. »
NOUS Y SOMMES !
Nous savons maintenant les dates de début et de fin de la Révolution française, et donc, surtout, ses fins véritables et accomplies : Le rejet du Christ comme Roi de France, rejet de Son royaume de Droit divin, et de Sa Royauté Temporelle Très Chrétienne, modèle voulu par le Roi des nations pour chacune d’entre elles.
Depuis 234 ans, depuis ce fatal 14 septembre, les Français de tout bord combattent les conséquences de la Révolution, comme on combat des effets secondaires de médicaments, par empilage de solutions temporelles toutes plus complexes, contradictoires, incohérentes et catastrophiques les unes que les autres, en ne comprenant toujours pas que ce ne sont que les conséquences et non la cause première.
Le constat est terrible : Depuis 234 ans, tout s’effondre inexorablement selon les lois de l’entropie naturelle et de la décroissance. Après avoir vécu sur le « capital de la France royale », et l’ayant dilapidé, nous sommes arrivés au stade où cette décroissance « se constate et se voit » parce que cette décroissance… croît, c’est-à-dire que maintenant, la décadence qui se produisait sur une année, s’est manifestée sur le mois, puis à la semaine et ensuite à la journée. Actuellement, elle est déjà engagée à l’heure, et puis … !
Mais le plus tragique est que ceux qui tiennent à cette « France royale » comme à la prunelle de leurs yeux, royalistes divers et variés ou sympathisants, penseurs (hors Mgr Pie) et hommes d’action, journaliste et écrivains, tous se sont fourvoyés sur l’objectif réel de la révolution et la date de son aboutissement dans leur analyse, analyse fausse qui les a conduits à des échec systématiques et retentissants.
L’abolition de la Constitution fondatrice de la Royauté de droit divin sur la France EST la cause première à caractère ontologique de la disparition inéluctable de notre pays.
Cause ontologique, donc cause unique.
A cause unique, solution unique !
Elle existe.
A suivre :
La prochaine fois : Partie 4 – Spécification et formulation de la solution.
Merci d’avoir tout lu.
Chouandecoeur