Héraldique – Article de Monsieur Jean-Yves PONS :
Nous vous proposons un nouvel exemple de la place réservée à l’héraldique dans les oeuvres impérissables de nos grands auteurs. Parmi ceux-ci, Honoré de Balzac fut l’un des plus attachés à sa préservation dans les règles de l’art. Sa vie mouvementée mais aussi ses liens avec de nombreux aristocrates comme ses tentatives pour s’intégrer au monde de la noblesse n’y sont probablement pas étrangers.
C’est ainsi que le personnage d’Eugène de Rastignac, l’archétype du “jeune loup aux dents longues” tient dans l’œuvre du romancier une place considérable qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le parcours du chef actuel de l’Etat français. La pathologie psychiatrique de pervers narcissique en moins.
Ses aventures débutent dans Le Père Goriot mais son évolution va se poursuivre dans un nombre considérable de romans de La Comédie humaine.
Né en 1798, il est le fils aîné de nobles peu fortunés, vivant des revenus de la vigne, près de Ruffec, aux alentours d’Angoulême ; il a deux sœurs. Il s’installe à Paris pour suivre des études de droit. C’est un jeune homme ambitieux, qui regarde la “bonne société” avec des yeux à la fois surpris et envieux et qui va se montrer prêt à tout, pour parvenir à ses fins. Élégant, bien éduqué, brun aux yeux bleus, il fait chavirer les femmes du monde, ce qui va faciliter son ascension sociale.
Il est, avec Vautrin et Lucien de Rubempré (avec lequel il partage l’âge et la région d’origine) l’un des principaux personnages récurrents qui structurent la Comédie humaine.
Balzac, lorsqu’il a imaginé Eugène de Rastignac a créé un personnage très riche, dont d’autres grands romanciers du dix-neuvième siècle se sont beaucoup inspirés. La conquête de Paris est en effet un très beau sujet qui permet de décrire une ville aux profondeurs inépuisables et d’évoquer des âmes hors du commun, fussent-elles scélérates. L’affrontement avec Paris comporte toutes les péripéties d’une campagne guerrière, où il est toujours possible de périr. La réussite n’en a que plus de prix. C’est pourquoi, même si le roman a beaucoup évolué, il est à parier que les Rastignac séduiront toujours de nombreux lecteurs, car ceux-ci vivront avec eux des aventures qui leur auront souvent manqué.
Les armoiries d’Eugène de Rastignac reprennent celles d’une famille désormais éteinte, les Chapt de Rastignac et se blasonnent ainsi : D’azur au lion d’argent, armé (griffes), lampassé (langue) et couronné d’or. Elles reflètent assez bien, nous semble-t-il, le personnage du roman d’Honoré de Balzac.
Armoiries d’Eugène de Rastignac
Ce caractère quelque peu allusif des armoiries d’Eugène de Rastignac pourrait bien se retrouver dans celles d’un autre personnage essentiel de la même oeuvre, Lucien de Rubempré, qui portait “De gueules, au taureau furieux d’argent dans un pré de sinople“, ainsi décrites dans le roman Splendeurs et misères des courtisanes :
Armoiries de Lucien de Rubempré
Mais l’on sait que, malgré de nombreux points communs et leurs relations, les deux héros ne vivront pas la même vie et ne connaîtront pas le même sort.*
Le 7 octobre 2025.
Pour le CER et La Charte de Fontevrault, Jean-Yves Pons, CJA.
* Vous pourrez lire au sujet de l’un et l’autre personnage l’article de Mélanie Gaudry ici : https://www.lecontemporain.net/2024/10/eugene-de-rastignac-itineraire-dun.html
Merci cher Chouandecoeur pour cette publication et son iconographie. Il y en a quelques autres qui pourront, qui sait, intéresser les lecteurs de ce blogue.