La République n’est pas la France !

Cette année 2018, la Ve république aura soixante ans. Il n’y aura pas de quoi pavoiser : le spectacle qu’elle donne a de quoi arracher ses illusions au plus endurci des républicains. Que vaut en effet ce régime qui, tous les cinq ans, livre à des jeux puérils les destinées de la France ? Et cela, pour mener une politique indigne de la France de Clovis et de saint Louis.

Lu pour vous dans Le Chardonnet.

La constitution du 4 octobre 1958, taillée à la mesure du général De Gaulle ne pouvait faire des prodiges entre les mains des hommes très ordinaires qui lui succédèrent.

Une œuvre de mort

Ce fut, déjà sous le pouvoir de Charles De Gaulle, que le député Lucien Neuwirth, proposa sa loi dépénalisant la contraception pour les mineures (28 décembre 1967), — premier pas dans la dégradation des mœurs. Avec Valéry Giscard d’Estaing, ce fut le délire : il encouragea le ministre de la « Santé », dame Simone Veil (1927-2017), dans son combat satanique pour la dépénalisation de l’avortement ; d’où la loi qui porte son nom à jamais maudit du 17 janvier 1975 et qui déclencha tout de suite la mise à mort de 220 000 enfants à naître par an pour satisfaire le goût du bien-être des gens bien installés dans la vie…

Sous Jacques Chirac, on commença à parler de manipulations génétiques (procréation médicalement assistée : PMA, ou gestation pour autrui : (GPA) pour satisfaire des gens qui avaient oublié que la procréation est participation à l’œuvre de Dieu et qui ne craindraient pas d’engendrer des enfants artificiels, privés de toute filiation.

Puis, comme pour finir de remplir cette poubelle de toutes les perversions, François Hollande chargea en 2012 son ministre de la « justice », dame Christiane Taubira, de préparer une loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe…, et l’on voit, depuis 2012, des paires d’invertis de l’un ou l’autre sexe afficher sans vergogne leur homosexualité.

Or, la république n’aura jamais fini de porter atteinte au respect de la vie : Emmanuel Macron se dit favorable à la PMA et non hostile à la GPA…, et annonce pour bientôt l’ouverture d’un débat sur l’euthanasie, ou plutôt sur le suicide assisté. On ne veut plus reconnaître que la vie est un don de Dieu et qu’elle est sacrée depuis l’instant de la conception jusqu’à son terme naturel où l’âme va se soumettre au jugement de Dieu.

Toute l’œuvre de la Ve république est donc une œuvre de mort. Voilà, une fois de plus, confirmé le diagnostic de Charles Maurras : « La démocratie, c’est le mal ; la démocratie, c’est la mort ». Et je n’ai rien dit sur la politique scolaire, qui ne cesse de former des ânes, mais leur bourre le crâne de notions dont ils n’ont que faire, comme la théorie du genre selon laquelle le sexe ne serait pas une donnée naturelle, mais une simple question de choix… Je passe aussi sur la politique judiciaire, qui n’est efficace que lorsqu’il s’agit de s’acharner sur ceux qui refusent le politiquement correct…

Avec tout cela, la cinquième république s’est dépêchée d’oublier que, selon sa constitution, « le président de la République est le garant de l’indépendance nationale ». On sait avec quelle désinvolture François Mitterrand et Jacques Chirac ont engagé la France dans la construction de l’Europe fédérale et Nicolas Sarkozy s’est bien gardé de tenir compte du vœu des Français, consultés par référendum, contre les traités de Maëstricht et d’Amsterdam. La France est, depuis lors, et Emmanuel Macron ne freinera pas, engagée sur la voie du renoncement à son existence !

Dégénérescence de la res publica

Il ne faut quand même pas se voiler la face devant le mot de république. La chose publique, la res publica des Latins, est au temporel le bien commun, le plus grand bien ici-bas, celui dans lequel chaque membre de la communauté politique trouve son achèvement et le moyen de sa perfection. Ce bien mérite les plus grands dévouements de chacun au niveau de ses compétences.

Quand je parle à des républicains convaincus (on en trouve encore…), je leur dis que je suis plus républicain qu’eux, mais que nous divergeons seulement sur les moyens d’assurer la pérennité de la chose publique ; vaut-il mieux la confier au suffrage irresponsable qui remet tout en cause périodiquement ou à un roi qui la garderait d’âge en âge ?

Dans la Rome antique, la république exigeait des citoyens de grands sacrifices et des gestes sublimes. Maurras aimait évoquer « les bons temps de la république » où « Rome punissait de peines sévères la brigue, c’est-à-dire la candidature ». Toutefois, peu à peu, le peuple, adonné à ses plaisirs, perdit les usages ancestraux.

Bientôt, une question se posa : la république, censée être constamment tendue vers la vertu, était-elle encore viable dès que Rome n’était plus une petite ville ? Plus généralement, est-il possible qu’un peuple soit vertueux à jet continu, qu’il soit à tout jamais garanti contre la corruption et l’insouciance par la seule force des volontés particulières ? En somme, l’idéal prôné par les meilleurs des ré-publicains peut-il être réalisé… dans une république ?

La meilleure des républiques

Naquirent, après l’Empire romain, des royaumes à dimension humaine à la tête desquels des princes, d’âge en âge, se devraient d’incarner la res publica. La réussite la plus élaborée fut celle, en pays gallo-romain, des successeurs de Clovis quand, en la personne d’Hugues Capet et de ses descendants, ils eurent renoué avec le principe romain de service du bien public attaché dès lors à la notion d’État chrétien. Prenant les hommes tels qu’ils sont avec leurs qualités et leurs défauts, fédérant les forces vives du pays, offrant à chacun le secours d’institutions qui le porteraient à bien user de sa liberté, à dépasser son égoïsme et ses satisfactions éphémères.

Dès lors, l’administration de la chose publique était assurée selon le droit et la justice dans la soumission aux lois naturelles et divines, empêchant tout empiétement sur la sphère des libertés naturelles. En ce sens, le philosophe Jean Bodin, au XVIe siècle, allait voir dans… la monarchie « la meilleure des républiques », la meilleure administration de la chose publique !

On ne songea plus guère en France à la république comme régime politique. Sainte Jeanne d’Arc, envoyée du Ciel pour sauver le pays, ne songea pas un seul instant à s’inspirer du modèle républicain. Au temps des guerres de religion, des pamphlets jaillirent reconnaissant la souveraineté des Etats généraux ; cela n’eut qu’un effet, comme devait le dire Michelet : celui de donner aux Français « pour deux cents ans l’horreur de la république »…

La déification de l’Homme

On ne le dira jamais trop : en 1789, nul n’envisageait en France une république. La veille de la pseudo prise de la Bastille, Danton se faisait traiter d’énergumène dans un club parisien pour avoir timidement effleuré l’idée de renverser le trône. Toutefois, l’agitation des sociétés de pensée, des clubs et des loges maçonniques, pendant tout le XVIIIe siècle, avait fortement secoué les fondements de la monarchie capétienne où le roi, oint du Seigneur, lien entre le temporel et le surnaturel, suprême fédérateur des communautés et des hiérarchies naturelles, incarnait la plénitude de la souveraineté.

Un individualisme forcené, confinant à l’esprit de révolte contre toute autorité divine ou humaine, animait nombre de députés aux États généraux de 1789, imbus du mythe des Droits de l’Homme. Ils s’empressèrent, dès le 23 juin, de dresser la nation — le peuple en un seul corps — face au roi, qui en était traditionnellement la tête. La guillotine n’était pas loin ! De ce jour, date l’avènement de la démocratie conçue, non pas comme un mode de désignation des dirigeants, mais comme l’absolutisation de la volonté populaire, seule source du « droit ». Cela aboutit, le 10 août 1792, à l’abolition de la royauté. Comme la Rome antique était à la mode, on proclama la république…

Ainsi donc ce régime, assis sur aucune tradition française, fut instauré à seule fin de faire corps avec la nouvelle religion démocratique, laïque, ne se reconnaissant aucun devoir envers le Christ, Roi des nations, et faisant régner dans l’État le plus grand vide spirituel. Faut-il s’étonner qu’elle ait transformé la France en une nouvelle Sodome ?

La Ve République marque le cinquième essai : comme aimait à dire Jacques Ploncard d’Assac, nous vivons le cinquième acte d’une tragédie classique, donc le dernier ! Il ne peut y avoir une VIe République. Il serait grand temps que la France mesurât ce qu’elle a perdu en cessant d’être incarnée dans sa permanence par une lignée royale.

Michel Fromentoux

Le Chardonnet n°335 de février 2018

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http://www.lectures-francaises.info/2018/02/20/republique-nest-france/

0 thoughts on “La République n’est pas la France !

  1. Hervé J. VOLTO

    Saint Pie X savait faire la différence entre la France et le régime qui l’assassine ! Le Roi, c’est la présence du Sacré dans le pouvoir, la continuité de la France, le destin national incarné par un Souverain indépendant des caprices du Suffrage universel et du diktat des banques…

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