Jean-Yves Pons. Nouveau retour vers le futur ? France Archives médiatise l’art héraldique.

     “ Nul n’est prophète en son pays ” nous répète-t-on à l’envie ! Eh bien sachez que c’est faux car nous en avons la démonstration avec la mise en ligne, au début de ce mois de mai, d’une excellente publication de FRANCE ARCHIVE, le portail internet des Archives nationales de France, une institution on ne peut plus officielle pour ne pas dire gouvernementale, et intelligemment consacrée à ce domaine essentiel de notre histoire (dont nous n’avions cessé de regretter l’oubli et même la volonté délibérée de beaucoup de nos élites de le faire disparaître), l’ HERALDIQUE ou science et art des armoiries (https://francearchives.gouv.fr/fr/article/235485917#h2_6e30e96517c7355070a376399fc499b69c7560bd30).

Particulièrement bien conçu, très complet, remarquablement didactique et référencé, vous y trouverez réponses à bien des questions aussi bien théoriques que pratiques que vous vous posez peut-être à propos de ce que l’on nomme communément (mais de manière partiellement inadéquate) le BLASON.* Vous y découvrirez bien sûr combien nous avons eu raison, pendant tant d’années, de militer pour la redécouverte de l’héraldique et de ses qualités emblématiques irremplaçables. Vous n’en serez que davantage incités à vous procurer aussi les ouvrages de notre ami Alain Texier qui lui sont consacrés et que nous vous avons déjà présentés sur ce blogue. 

      L’héraldique demeure en effet une science (mais aussi un art) méconnue qui passe à tort pour ésotérique et a souvent été, notamment en France, mal reçu de nos prétendues élites et, par voie de conséquence du grand public. Les raisons de ce désamour, dans le pays même où elle fut imaginée, se trouvent principalement dans l’assimilation qui a été et continue d’être faite à tort entre appartenance à la noblesse et port d’armoiries. Bien des profanes (ou des incultes) croient encore que les armoiries sont des marques exclusives de noblesse et que seuls peuvent en porter ceux qui sont nobles.

      Or, nulle part en Europe occidentale, à aucun moment entre le XIIe siècle (date de leur apparition) et le XXIe, l’usage des armoiries n’a été réservé à une classe sociale. Chaque individu, chaque famille, chaque groupe ou collectivité a toujours et partout été libre d’adopter les armoiries de son choix et d’en faire l’usage privé qui lui plaisait, à la seule condition… de ne pas usurper celles d’autrui.

Alors, “À VOS ARMES CITOYENS !“

Pour le CER et la Charte de Fontevrault, Jean-Yves Pons, CJA.

* On doit en effet parler plutôt d’armoiries pour parler des emblèmes en couleurs, propres à un individu, à une famille ou à une collectivité et soumis dans leur composition à des règles particulières. Le terme blason consistant, en réalité, dans ces règles et la langue qui permet de décrire lesdites armoiries.

PS : pour ceux qui sont parisiens ou comptent se rendre courageusement dans notre capitale, qu’ils ne manquent pas de visiter la remarquable exposition actuelle consacrée à Louis XVI et la famille royale pendant leur séjour forcé aux Tuileries. Elle se tient précisément aux Archives nationales, site Hôtel de Soubise.

https://www.parismatch.com/royal-blog/louis-xvi-et-marie-antoinette-aux-tuileries-une-expo-mais-aussi-un-livre-224348