Ce dénégationnisme médiatique au sujet du terrorisme islamique n’apaise pas au contraire, il rend les gens dingues

1798441790A l’occasion de la parution du dernier numéro de Causeur, Elisabeth Lévy a donné un long entretien à FigaroVox [24.07]. 

Justement, une semaine après Nice, quel regard portez-vous sur notre pays ?

     C’est la première fois, me semble-t-il, qu’un journal de la gauche raisonnable comme Le Monde se demande ouvertement s’il y a un risque de guerre civile – pour y répondre par la négative, mais tout de même. Au-delà de la sidération, de la peur, on sent effectivement monter une colère, en partie dirigée contre les gouvernants, mais pas seulement.

   Les Français ne sont pas en colère à cause des ratés de la sécurité, ils sont en colère parce qu’on leur raconte des bobards. On pensait que le déni avait fini par se fracasser sur le réel. Las ! Dès le 15 juillet, nombre de médias s’employaient à effacer tout lien entre le crime et l’islam, fût-il radical. Bien sûr, leurs gros sabots se voyaient et au moins, on a pu souffler et rire parce que, sur France Inter, 95 % des témoins et des proches de victimes interrogés avaient des prénoms maghrébins. De même, on nous a rebattu les oreilles avec les frasques du terroriste : il buvait de l’alcool, il mangeait du porc et il draguait les filles, et même les garçons, il ne pouvait pas être musulman ce gars là. Pour un peu, nous avions vécu un drame de l’alcool ou de la sexualité débridée.

  Ce dénégationnisme médiatique n’apaise pas au contraire, il rend les gens dingues. Bien sûr, nombre de victimes étaient musulmanes et ils sont des millions, qui font la fête le 14 juillet, ou d’ailleurs ne la font pas, à appartenir sans restriction à la communauté nationale. Mais d’autres, concitoyens ou pas, sont nos ennemis et il doit être permis de le dire. Voilà des mois qu’on dit aux Français qu’ils sont en guerre, aujourd’hui, ils attendent qu’on la fasse. Si on ne veut pas que cette guerre soit celle de tous contre tous, c’est à l’Etat de la mener. A l’extérieur de nos frontières, mais aussi et peut-être surtout, à l’intérieur. 

Elisabeth Lévy est journaliste et directrice de la rédaction de Causeur. http://www.causeur.fr

http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2016/07/24/elisabeth-levy-le-peuple-voila-l-ennemi-5829802.html

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