5 thoughts on “Les confréries de pénitents au XXIème siècle folklore ou recherche du sacré ? par Franck Abed.

  1. Hervé J. VOLTO

    PARDON DE LA LONGUEUR DE COMMENTAIRE ! Mias c’est pour la bonne cause.

    Une Confrérie de Pénitents -ou Archiconfrérie de Pénitents !- est une association, sans but lucratif, relevant cumulativement du droit associatif (en France Loi de 1901) et du droit canon, qui réunit des hommes et des femmes, de religion Chrétienne, Catholique, dans le but de pratiquer publiquement le culte catholique, en portant une tenue spécifique, et de pratiquer, également, mais cette fois dans la discrétion, des actes de charité. Les confréries sont placées sous la vigilance de l’évêque du diocèse dans lequel elles ont leur siège et qui autorise leur création.

    L’origine des confréries de Pénitants, nées en Italie au XII°siècle, est attestée juridiquement quand Saint-Bonaventure crée, à Rome, un statut pour les laïques agissant selon les règles de l’Amour du Christ : c’est la première Confrérie du Gonfalon dont l’objet est l’amour du Christ et la proclamation de la foi Catholique.

    Fruits du Moyen Âge, les confréries de Pénitents constituent la plus ancienne manifestation institutionnalisée de la spiritualité des laïcs. Plusieurs facteurs expliquent leur apparition. Il faut d’abord parler de la diffusion de l’idéal de Sainteté chez les laïcs à partir de la fin du XIIe siècle, dans le sillage de Saint Hommebon de Crémone, marchand italien connu pour sa piété et sa charité quotidiennes, canonisé deux ans seulement après sa mort. Des groupes cherchant l’austérité, la pénitence, l’expiation de leurs péchés, mais ne prononçant pas de vœux monastiques, se développent en divers endroits. Certains d’entre eux, les « flagellants », recherchent la souffrance et se fouettent afin de tenter de mettre fin aux grandes épidémies de peste.

    Après un temps d’hésitation et d’observation, où l’Eglise condamne les exès des flagellants, la hiérarchie ecclésiastique finit par prendre acte de cette mutation en déclarant, avec le canoniste Henri de Suse, dit Hostiensis, dans son ouvrage Summa aurea rédigé en 1253 :

    – Au sens large, on appelle religieux ceux qui vivent saintement chez eux, non parce qu’ils se soumettent à une règle précise, mais en raison de la vie plus dure et plus simple que celle des autres laïcs qui vivent de façon purement mondaine.

    Plus tard, la Contre-Réforme consécutive au Concile de Trente (1545-1563) favorisera également cette forme de dévotion qui est celle du Pénitant : c’est la glorification de Dieu par les arts, les bâtiments, la lithurgie et la manifestation publique de la foi. Il en découle un renforcement de la place et du rôle des confréries de pénitents qui participent aux processions publiques en portant leur tenue (sac, corde et cagoule) qui, outre l’humilité de l’anonymat, sert à frapper l’esprit des spectateurs pour les rapprocher de Dieu.

    C’est ainsi que fleurissent peu à peu, dans les villes et les villages des pays de la Catholicité, des confréries dans lesquelles hommes ou femmes se réunissent régulièrement pour prier dans une chapelle, pour accomplir une ou plusieurs œuvres de miséricorde (la visite des malades, l’enterrement des morts, la prière pour les défunts…) et pour processionner dans les grandes occasions, revêtus d’un habit de cérémonie (on parle souvent du « sac »), très variable selon les lieux, rappelant les vêtements monastiques. La couleur de l’habit donne fréquemment son nom à la confrérie : on parle des Pénitents blancs (soins aux malades), noirs (qui ensevelissaient les morts), rouges (barbiers et chirurgiens), bleus (accueil des pèlerins), gris (tiers Ordres monsatiques)…

    D’Italie, les Pénitans se répendent en France, à Malte, En espagne et au Portugal.

    Les pénitents italiens se chargeaient de protéger les condamnés à mort en leur enfilant une cagoule, pour qu’ils ne soient pas lapidés par la foule. Ils priaient pour leur âme, avec le pouvoir d’accorder la grâce à l’un d’eux chaque année.

    En Italie, la confrérie des pénitents noirs de La Miséricordia di Firenze est une institution dans le pays, un véritable « service public » doté de moyens très modernes (ambulances, hélicoptères, personnel médical nombreux et compétent) et gérant des hôpitaux et des maisons de retraite ; elle est présente dans toutes les grandes villes du pays. Elle a son siège historique à Florence.

    En Espagne, lesprocessions de pénitents lors de la Semaine Sainte, notamment à Séville, prennent une ampleur particulière due au nombre impressionnant de pénitents processionnant dans les rues.

    En France, la plus ancienne confrérie de pénitents est La Dévote et Royale Compagnie des Pénitents Gris d’Avignon, fondée en1226 par le Roi de France Louis VIII le Lion, père de Saint-Louis Le Lion, père de saint-Louis, à son retour de la Croisade contre les hérètiques albigeois. Cette confrérie existe encore aujourd’hui et commémore chaque année l’anniversaire du “Miracle des Eaux”.

    Les Rois de France, Souverains Très Chrétiens, encourageaient parfois la constitution de ces groupes. Par exemple, à l’Ordre du Saint Sépulcre fut annexée une Archiconfrérie dite ARCHICONFRERIE ROYALE DU SAINT SEPULCRE, que l’on a confondu avec lui : cette confrérie de Pénitants fut institué à Saint-Samson d’Orléans par le Roi Louis VII le Jeune au retour de Terre, elle était composée de 20 frères de l’Ordre revenus de Palestine avec le Roi de France. Saint-Louis la transfèrera à la Sainte-hapelle de Paris, en 1254, pour garder la Couronne d’Epine ramenée par lui de Terre Sainte. Elle disparu à la Révolution. Louis XVIII la rétablit en 1814, mais comme ceux qui en faisaient partis prétendaient appartenir également à l’Ordre du Saint-Sépulcre que le pape avait dissout en 1489, et portaient les insignes de ce dernier, le gouvernement Royal la supprima en 1823, à la suite d’une protestation du Père Gardien de Jérusalem. On a dit que Charles X avait l’intention de la restaurer au lendemain de la pise d’Alger, mais la Révolution de 1830 fit échouer le projet.

    L’ORDRE EQUESTRE DU SAINT-SEPULCRE DE JERUSALEM est un Ordre de Chevalerie religieux, réorganisé en 1847 sous forme d’Ordre Pontifical et agissant comme une confrérie de Pénitants. C’est une association de fidèles Catholiques reconnue par le Saint Siège, et qui œuvre pour aider la communauté Chrétienne installée en Terre Sainte, aujourd’hui territoire d’Israël, de la Palestine, de Jordanie et de Chypre, voire en Egypte.  Il semble aujourd’hui que la Lieutenance Française de l’Ordre Equestre, ai reprit à son compte la mission de l’Archiconfrérie Royale de garder les Saintes reliques rapportées par Saint-Louis. Le Prince François-Xavier de Bourbon-Parme fut longtemps Lieutenant Français de L’Ordre Equestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Camérier Secret du Pape Pie XII et ami du Marquis de La Franquerie, il a baucoups oeuvré pour la Terre Sainte, Chypre et Rhodes. Dire que de nombreux membres de la Lieutenance Française de l’Ordre Esquestre sont Royalistes est un secret de polichinel.

    En Lorraine existait du temps de Sainte-Jeanne d’Arc une Noble Confrérie des Chevaliers de Notre Dame de Sion, dont les membres étaient des Pénitants Nobles se réunissant à la Montagne de Sion.

    La cagoule en popeline cousue à la robe, est appelée « caparuxte » à Perpignan, « capirote » en Espagne. Elle masque le visage pour assurer l’égalité des Frères et l’anonymat de la charité. À l’heure actuelle, mis à part les Pénitents Gris d’Avignon ou les noirs de Perpignan, les autres confréries ne portent plus la cagoule. La robe est souvent appelée « livrée », « chemise » ou « sac ».

    Au xviie siècle, le modèle des confréries est complet, il s’agit : de l’accès personnel du Pénitent au salut, des interventions sociales auprès des malheureux et des manifestations publiques de la Foi. À compter de ce moment, les prières publiques et les manifestations religieuses se multiplient et certaines confréries se forment dans ce seul but ; dès lors, ce ne sont plus des confréries de Pénitents, mais d’adoration.

    Le déclin commence en France avec l’apparition des théories sur la piété intérieure et discrète, prônée par les Jésuites, il se continue avec le développement des idées de l’Encyclopédie qui est opposée à la pensée religieuse et il s’achève avec l’accaparement par l’État des actions sociales, jusqu’alors pratiquées par l’Église, y compris les confréries de pénitents. Entre-temps la Révolution est passée par là et a supprimé toutes les sociétès religieuses. Si certaines se forment de nouveau après la Restauration, les confréries de pénitents retrouvent un regain d’activité au XX° siècle et deviennent alors, en France, comme encore en Italie ou en Espagne, des conservatoires naturels de la Foi, de la charité et des cultures régionales ou locales. C’est par ce biais que les confréries de pénitents connaissent aujourd’hui, dans toute l’Europe du Sud, un regain de faveur. 

    Aujourd’hui en France, à la tête de chaque confrérie, on trouve généralement un Premier Maître (Avignon), un Recteur (Aix) ou un Prieur (Nice), ainsi qu’un aumônier. Ils sont généralement assistés d’un Second Maître, d’un secrétaire et d’un trésorier. Les pénitents sont la plupart du temps des laïcs qui ne prononcent pas de vœux, mais des clercs sont parfois membres des confréries. Les confréries corses sont très actives.
    En France, les confréries de pénitents se réunissent chaque année au cours d’une maintenance (France et Principauté de Monaco), organe qui fédère les différentes confréries. Il y a, également, dans le Comté de Nice une maintenance particulière aux confréries dudit Comté, où ontrouve des confrérie de Pénitants Rouges, Blancs, Noirs, bleus. Votre serviteur fait parti de l’Archiconfréries de la Saint Trinité, du Saint Esprit et du Saint nom de Jésus, des Pénitants Rouges de Nice…

    Au niveau international le seul organe fédérateur des confréries des différents pays est le Forum Omnium Gentium Confraternitatum (F.O.G.C.).

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  2. Hervé J. VOLTO

    A lire :

    Toussaint Gautier, Dictionnaire des confréries et corporations d’arts et métiers (J.-P. Migne éditeur, Paris, 1854, p. 599, Ve Pénitents Blancs, note 424).

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