Chanoine Alban Denis. ICRSP Limoges. Sorcières de tous les pays, unissons-nous !

Carillon du 22e dimanche après la Pentecôte. Refuser la banalisation du mal.

Les 200 « personnalités féministes » qui se sont associées à la tribune « Sorcières de tous les pays, unissons-nous ! » pourraient prêter à sourire si elles ne témoignaient pas d’un esprit de revanche machiavélique. Derrière cet étrange désir de réhabiliter la figure de la sorcière en vue d’en faire un symbole féministe, on trouve dans ce texte publié dans le JDD  une bonne partie du gotha progressiste. Au bas de la tribune, apparaissent les noms de Charlotte Gainsbourg, de Marlène Schiappa (qui, début octobre dans le magazine Elle, s’avouait marquée par l’univers de la sorcellerie), de Muriel Robin, engagée en faveur de la GPA, de Raqel Garrido, l’avocate franco-chilienne ancienne porte-parole de Jean-Luc Mélenchon ou encore celui d’Inna Shevchenko, figure des Femen et connue pour son activisme dépoitraillé, notamment dans la cathédrale de Paris pour y célébrer la renonciation du pape Benoît XVI. Jolie réunion…

Mais au-delà du cortège des signataires, c’est le parti pris et la grandiloquence de la Tribune qui laissent songeur. « Par ces bûchers aux flammes hautes, le message transmis était clair : qui ose défier les hommes mourra de la pire des manières. » L’évocation des sorcières du Moyen-Âge comme point d’appui pour défendre le féminisme au XXIème siècle manifeste l’incohérence d’une société imprégnée des idées des Lumières depuis plus de deux siècles. Il n’y a qu’à parcourir les pages de La femme au temps des cathédrales de Régine Pernoud pour s’apercevoir que la condition féminine était sans aucun doute bien mieux protégée alors par l’évangile du Christ qu’elle ne l’est aujourd’hui par la liberté sexuelle. L’un tempère les ardeurs potentielles des hommes et prêche la saine complémentarité des sexes. L’autre se félicite du « jouir sans entrave » sans se rendre compte qu’elle transforme implicitement la femme en objet de plaisir sans limite.

On pourrait croire encore au grotesque lorsque les féministes fustigent « ces bûchers [qui] sont la honte des siècles qui les ont vu brûler (…). Par la terreur qu’ils ont suscitée (…), qui peut imaginer le traumatisme individuel, social et culturel, qu’ont pu constituer ces scènes de tortures physiques et mentales ? » La République et ses valeurs, ne sont-elles pas nées d’une terreur conceptualisée jusqu’à en prendre le nom avec une majuscule, et ce dès le début ? Claude Quétel l’a exposé avec brio dans un ouvrage récent Crois ou meurs !aux éditions Tallandier.  L’historien s’inscrit en faux contre la thèse, solidement ancrée aujourd’hui, de deux révolutions : une bonne, celle des droits de l’homme, qui aurait dérapé pour aboutir à une mauvaise, celle de la Terreur.En concluant « Nous nous déclarons filles spirituelles des sorcières, libres et savantes, (…) disons haut et fort notre solidarité et notre sororité », les signataires proposent un panthéon féminin dont les sorcières font partie. Ou la promotion d’une certaine idée de la femme, fut-ce au prix de réveiller le diable. Le rôle de la politique n’est pas de banaliser le Mal, dont la sorcellerie fait partie, mais de promouvoir le Bien Commun. On ne saurait considérer cet éloge des sorcières et l’allusion aux puissances invisibles sans danger. En effet, l’Eglise enseigne que tout ce qui est ésotérique, tôt ou tard, risque de conduire à un culte à Satan. C’est ce qui s’appelle jouer avec le feu.

Chanoine Alban Denis

icrsp.limousin@gmail.com

Expéditeur: Icrsp Limousin <icrsp.limousin@gmail.com>
Date: 10 novembre 2019 à 13:12:43 UTC+1
Destinataire: INSTITUT DU CHRIST ROI <icrsp.limousin@gmail.com>
Objet:Carillon du 22e dimanche après la Pentecôte

0 thoughts on “Chanoine Alban Denis. ICRSP Limoges. Sorcières de tous les pays, unissons-nous !

  1. Irène Pincemaille

    Ô mais, ces dames oublient… les sorciers !!! tenez : Urbain Grandier par exemple à Loudun et autres moindres pointures !!! Tous les supplices de ce temps étaient horribles : être “tiré à 4 chevaux” ou “roué en place de Grève” n’est pas mieux je pense ! partout était pratiqué ce genre de chose que le sentiment chrétien a fini par réussir à abolir en Europe fin XVIIIème siècle (Louis XVI abolissant la “question” dans les procès), mais qui se perpétue jusqu’à aujourd’hui dans de nombreux pays du monde sous une forme peut-être moins spectaculaire, mais tout aussi cruelle !
    Non mesdames, les bûchers n’étaient pas réservés aux femmes ! tenez, autres exemples : ceux allumés en Suisse et ailleurs, par les calvinistes au XVIème siècle !!!,voyez aussi les “anabaptistes” à la même époque !!!
    Toutefois, il y a, sûrement, un bûcher que ces dames doivent approuver, bien qu’y périt une jeune fille de …19 ans : SAINTE JEANNE D’ARC ! dont le seul “crime” était d’avoir sauvé la France en perdition à son époque, comme aujourd’hui d’ailleurs.
    Mais, bof ! demander à ces dames de prendre quelques cours d’Histoire, c’est sûrement beaucoup trop compliqué pour elles !!!
    Amitiés.

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  2. Charte de Fontevrault

    Sensible au sort des femmes de tous les temps et de tous les pays, Marlène Schiappa a co)signé récemment une tribune, avec 200 femmes, réhabilitant la figure décriée de la sorcière afin de promouvoir les droits des femmes. Originaire de Corse, amoureuse de la magie, notre Olympe de Gouges ne partagerait-elle pas, elle-même, ce je-ne-sais-quoi de « drôle et de poétique » propre aux sorcières des temps modernes telles que l’évoquait le manifeste W.I.T.C.H. en 1968 ? https://www.bvoltaire.fr/ma-sorciere-bien-aimee/

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