De quelques reines de France (II). Clotide née vers 475. Epouse de Clovis Ier.

Pour la Charte de Fontevrault
Chers lecteurs de la Charte de Fontevrault, nous poursuivons notre quête sur la vie des principales reines de France, et nous poursuivons aujourd’hui par la première sainte d’entre elles.
Dynastie des MÉROVINGIENS
Clotilde (sainte) 475-545
(Epouse de Clovis Ier)
Vers la fin du cinquième siècle, le roi Gondebaud régnait sur la plus grande partie de la Bourgogne. Il avait acheté sa puissance au prix du sang de ses deux frères : Gondemar était mort consumé par les flammes, et Chilpéric avait été précipité dans le Rhône avec sa femme et ses fils.
Deux filles étaient restées pour pleurer sur tant de douleurs : l’aînée se consacra à Dieu et finit ses jours dans un cloître.
Clotilde ayant été aperçue par les ambassadeurs du puissant roi des Francs, Clovis, ils admirèrent sa sagesse, sa bonne grâce, sa beauté, et firent part au roi de leur découverte. Aussitôt celui-ci envoya demander à Gondebaud sa nièce en mariage. Le roi bourguignon n’osa refuser et remit sa nièce aux envoyés de Clovis, qui s’empressèrent de la conduire à leur maître. Clovis fit un grand accueil à sa jeune épouse et l’aima.
Mais il y avait un point sur lequel ils n’étaient pas d’accord : Clotilde, chrétienne fervente, désirait arracher au culte d’Odin le roi Clovis, qui ne voulait rien entendre et disait :
« Nos dieux ont créé toutes choses, le vôtre n’est même pas de la race des dieux. »
La mort de son premier né, Ingomer, qu’il avait consenti à laisser baptiser, ranima toute sa haine contre le christianisme ; le second, Clodomir, également baptisé, fut dangereusement malade étant encore dans les aubes du baptême. Clovis dit alors violemment à la reine, qui pleurait et priait :
« Il est impossible que celui-là ne meure pas comme l’autre, puisqu’il a été baptisé en nom de votre Christ ».
Mais le ciel eut pitié de la reine et lui conserva son fils. Clovis ne vit là rien d’extraordinaire, et, malgré l’ascendant que Clotilde, grâce à ses vertus et à son intelligence, exerçait sur lui, il refusa obstinément de se convertir.
L’an 496, les Germains étant venus attaquer l’est de la gaule, Clovis leur livra une grande bataille à Tolbiac. Bien que le courage fût égal des deux côtés, les Francs étaient taillés en pièces.
Tout à coup Clovis se souvint de Clotilde, et, le cœur déchiré de douleur, il éleva au ciel ses yeux pleins de larmes et s’écria :
« O Jésus-Christ ! toi que Clotilde appelle le fils du Dieu vivant, si tu m’accordes la victoire, je me fais baptiser et je crois en toi ».
A peine a-t-il achevé, que le chef, Gibald est tué ; les Allemands effrayés fuient jusqu’en Souabe.
Clovis, fidèle à son vœu, reçut le baptême des mains de saint Rémi :
« Abaisse humblement la tête, fier Sicambre, lui dit le saint, adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré. »
Lantilde, Alboflède, sœurs du roi, et un grand nombre de soldats reçurent aussi le baptême. Dès lors la France était chrétienne, et, grâce à Clotilde, méritait son titre de fille aînée de l’Eglise.
Le roi Clovis était sincèrement converti, et, bien que ses mœurs gardassent toujours leur cachet de férocité, il n’entreprit jamais rien contre sa nouvelle religion.
Lorsqu’il mourut, en 511, ses quatre fils se partagèrent le royaume, et la reine Clotilde se retira à Tours, ne venant que rarement à Paris, et vivant dans la pratique de la vertu et des bonnes œuvres. Cependant son temps de gloire et de bonheur était passé, et la mort de son époux lui ouvrit une voie douloureuse qui ne devait se terminer qu’à la mort.
Son premier chagrin fut causé par la mort de son fils bien-aimé Clodomir que, par esprit de vengeance, elle avait poussé à la guerre contre le fils de Gondebaud, Sigismond. Les fils de Clotilde furent d’abord victorieux, mais ils souillèrent leur victoire par le meurtre de Sigismond. C’est alors que Clodomir fut tué par trahison, et, que sa tête aux longs cheveux blonds fut promenée au bout d’une pique dans le camp ennemi.
Après cette mort, Clotilde prit auprès d’elle les trois fils de Clodomir, Théobald, Gonthaire et Clodoald, car Gondioque, leur mère, était pour eux une triste protectrice ; elle n’avait pas attendu que le temps de son deuil fût écoulé pour épouser son beau-frère Clotaire.
Clotilde avait marié sa fille à Amalaric, roi des Visigoths. Cette jeune princesse succombait sous le poids des mauvais traitements que lui faisait subir son mari pour la contraindre à embrasser l’arianisme. Un voile teint de son sang, qu’elle envoya à sa mère, vint révéler son martyre.
Childebert, à la tête de son armée, vainquit le cruel Amalaric, et ramena sa sœur en France ; mais elle ne revit pas sa mère, et mourut en chemin (en 531).
Ainsi Clotilde n’avait que des sujets de larmes : outre ses deux enfants morts, ceux qui vivaient ne lui causaient aucune joie, à cause de leurs mauvaises querelles. Cependant, Childebert et Clotaire, princes avides et cruels, jetaient un œil d’envie sur l’héritage des fils de Clodomir. L’esprit du mal leur suggéra de s’en emparer, et, dans un des rares voyages que leur mère faisait à Paris, ils lui demandèrent les enfants pour les couronner rois. Clotilde, crédule et ravie, les laissa aller en leur disant :
« J’oublierai que j’ai perdu mon fils Clodomir, si vous êtes élevés au rang des rois ».
Mais à peine les enfants avaient-ils disparu, qu’un homme, nommé Arcadius, se présenta à la reine avec une épée et des ciseaux et lui dit :
« Que voulez-vous qu’il soit fait à vos petits-fils, qu’ils soient égorgés ou tondus ? »
A ces mots, la reine emportée par l’indignation s’écria :
« Plutôt morts que tondus ! »
Il est probable qu’elle regretta bientôt ces paroles, mais Arcadius, peu soucieux de sa douleur, avait aussitôt reporté la réponse à ses maîtres, et les enfants avaient été amenés devant eux.
Le farouche Clotaire perça l’aîné d’un coup de poignard ; le second se cramponna aux genoux de Childebert et lui demanda grâce en l’appelant son père. Tout cruel qu’il fût, Childebert se sentit ému, et proposa à Clotaire de transiger.
« Repousse cet enfant, s’écria le cruel fils de Clovis, ou tu vas mourir avec lui »
Childebert obéit, et le petit prince alla tomber près de son frère.
L’aîné avait dix ans, le deuxième sept. Le troisième échappa à ce sanglant massacre ; de fidèles serviteurs l’avaient caché dans un cloître, et, « quand il fut grand, il se coupa lui-même les cheveux et, sortit prêtre de cette vie[1]. »
Clotilde, en apprenant ce double meurtre, versa d’abondantes larmes, puis elle fit prendre les petits corps, et on les conduisit avec magnificence à l’église Saint-Pierre. Dès lors la reine était seule sur la terre ; elle se sépara entièrement du monde, vivant avec le souvenir des morts et l’espérance de les retrouver bientôt.
Elle adressa de ferventes prières à saint Martin de Tours pour obtenir l’union entre ses fils ; elle n’eut pas la consolation d’être exaucée. Le cœur rempli d’amertume, mais « pleine de jours et de bonnes œuvres », elle rendit son âme à Dieu, vers l’an 545.
Ses fils la transportèrent de Tours à Paris, dans l’église Saint Pierre et Saint Paul, près de son époux et de sainte Geneviève.
Ses enfants furent Clodomir, Clotaire 1er, Childebert 1er et une fille nommée Clotilde.
——o——
[1] Chateaubriand
Dans la même série :

  1. De quelques reines de France (I). Basine née vers 438. Mère  de Clovis Ier. https://chartedefontevraultprovidentialisme.wordpress.com/2019/11/04/de-quelques-reines-de-france-basine-nee-vers-445-mere-de-clovis

0 thoughts on “De quelques reines de France (II). Clotide née vers 475. Epouse de Clovis Ier.

  1. Irène Pincemaille

    Oui ! et le 3ème enfant Clodoald, ( très jeune, presque un bébé) fut effectivement sauvé par des serviteurs, ils le conduisirent dans la forêt où il fut caché. Plus tard, on lui fit comprendre qu’il y aurait grand danger pour lui à revendiquer ses droits, d’où son souhait de se faire prêtre. C’est la déformation de son nom qui donna le nom de St. Cloud à l’ouest parisien.
    Amitiés.

    Reply

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