Hervé Volto. LE SONGE D’HUGUES CAPET

        La prophétie de Saint Valérien https://fr.wikipedia.org/wiki/Prophétie_de_saint_Valery qui est donné en songe à Hugues Capet,  l’Elu de Senlis est une prophétie relative à la perpétuation de la dynastie Capétienne à la tête du Royaume des Francs. Le Songe d’Hugues Capet voit Saint Valérien, accompagné de Saint-Michel Archange, Protecteur du Royaume des Francs, apparaitre au père de la dynastie Capétienne.

       Il s’agit de la réponse Divine à l’affirmation formulée à Sens au début du XI° siècle d’après laquelle les Capétiens étaient des usurpateurs, qui elle-même est probablement liée à la compétition entre les archevêques de Sens et de Reims qui revendiquaient tous les deux la prérogative de Sacrer le Roi.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Prophétie_de_saint_Valery

         Deux auteurs originaires des monastères de Saint-Valery et de Saint-Riquier, dans le Nord, affirment peu après que Saint-Valéry est apparu à Hugues Capet pour lui promettre que ses successeurs régneraient sur le Royaume des Francs. Mais que pour celà, le Roi de France devrait, à l’image des anciens hébreux, consacrer son fils Aîné, et il devrait l’associer au Trône de son son vivant, ce qui fonctionnerait « jusqu’à la septième génération », celà ayant pour but d’installer l’habitude de la primogéniture mâle pour en faire une Loi Fondamentale, les Lois Fondamentales du Royaume de France https://chartedefontevraultprovidentialisme.wordpress.com/2013/09/23/les-lois-fondamentales-du-royaume-de-france-constitution-de-lancienne-france/comment-page-1/ désignant comme Roi l’aîné Salique (une fille ne peut succéder) de Naissance Légale (Louis XIV ne put légitimer ses batards  qu’il eut de sa maîtresse Mme de Montespan) dans la Foi Catholique (Henri IV devra abjurer le protestantisme pour être reconnu comme Souverain), du Sang de France (un Habsbourg ou un Savoie, même Catholique, ne peut pas succéder).

Cette prophétie peut s’interpréter soit symboliquement, soit littéralement.

       Le chiffre sept représente pour certains auteurs l’éternité. Cependant, pris littéralement, il peut impliquer un changement de dynastie à partir du successeur de Philippe Auguste. Les premiers Capétiens pouvaient ignorer cette prophétie car elle pouvait paraître lointaine. Mais à partir du règne de Philippe Auguste, celà qui implique que la date était déjà dépassée sans que rien soit produit : donc les successeurs mâles en primogéniture pouvaient continuer à succéder à leur père : le Roi est mort, vive le Roi ! Louis VIII le Lion, père de Saint-Louis IX, fut le premier Roi Capétien à ne pas avoir été sacré du vivant de son père, ce qui témoigne d’un renforcement de la Légitimité dynastique.

Sommaire.

Introduction à la Légitimité issu du Songe d’Hugues capet.

I. Qu’est-ce qu’une insitution?

A)  Un constat : les limites humaines.

B) Degrés de légitimité d’une institution politique.

II. Leçons tirés de l’histoire des institutions.

A) L’Empire Romain.

B) La Royauté Mérovingienne (496 – 751).

C) La Royauté Carolingienne (751-987).

D) Le bouleversement Capétien (987-1789).

III – Les temps des révolutions.

A ) La Révolution contre les institutions.

B) Les tentatives de rétablissement d’institutions politiques Chrétiennes.

Conclusion.

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Introduction à la Légitimité issu du Songe d’Hugues Capet.

       En ces temps de Révolution il importe de rappeler certaines réalités aux Catholiques soucieux de restaurer une société Chrétienne. Par une extraordinaire naïveté ils sont encore nombreux à croire à la loi du nombre : une majorité numérique de Catholiques dans le pays suffirait à rendre celui-ci Catholique. D’autres, plus avertis, estiment qu’il suffit que les institutions reconnaissent le Divin Christ-Roi, Son Eglise et ses enseignements. Des mouvements comme la Cité Catholique de Jean Ousset et plus récemment Civitas pensent sérieusement faire de la politique en se contentant d’énoncer les principes Chrétiens du pouvoir sans se soucier de la forme des institutions à mettre en place.

Dans le présent exposé nous nous proposons de montrer que ces bonnes intentions ne sauraient suffire. Il importe avant tout de bien comprendre à quoi sert l’institution, puis à l’école de l’Histoire, de chercher sa forme la meilleure pour rétablir la Cité de Dieu dans notre pays.

I – Qu’est ce qu’une institution ?.

         A)  Un constat : les limites humaines.

Par nature, l’homme est un animal politique. Sans la société l’homme est un enfant loup. Grâce à la société il jouit d’un certain bonheur (toujours relatif ici-bas) non seulement par les connaissances, la sécurité, le confort que celle-ci lui procure mais aussi par le fait même de participer à la vie de cette société. Ce bonheur est directement tributaire de l’unité de la société qu’est la paix (la paix est la tranquillité de l’ordre, la concorde ordonnée qui existe entre les hommes lorsqu’on rend à chacun ce qui lui est dû).

http://www.tombes-sepultures.com

Pour assurer l’unité de la paix appelée bien commun, pour ordonner les activités multiples de la Cité, il faut une coordination, un gouvernement, une autorité politique. L’autorité peut être détenue par un ou plusieurs individus qui devraient avoir le souci constant du bien commun.

Malheureusement tout homme est caractérisé par ses limites et par son instabilité   ( Voir illustration ci-dessus) 

1. Il n’est jamais à l’abri de passions qui peuvent altérer son jugement : comment protéger le peuple des passions de celui qui gouverne, et celui qui gouverne des convoitises de ceux qui désirent sa place ?

2. Il est toujours tenté de sacrifier le bien commun à des intérêts personnels.

3. Il est limité en connaissances.

4. Sa vie est limitée dans le temps : à qui doit revenir l’autorité quand son détenteur disparaît ?!

Nous venons de mettre en relief la nécessité d’une institution politique, car il entre précisément dans les attributions de l’institution de :

-garantir la continuité du bien commun par delà les fragilités, les limites des hommes,

-soustraire le bien commun aux aléas de leurs passions.

Ce que dit le dictionnaire du mot institution Etymologie : du latin instituere = instituer, établir.

Définition : ensemble des organismes et des règles établis en vue de la satisfaction d’intérêts collectifs.

Au pluriel : lois fondamentales d’un pays.

Il ressort de cette définition que :

1. La finalité de l’institution est l’intérêt collectif autrement dit le bien commun.

2. L’institution désigne l’ensemble organismes + règles.

3. Une institution s’établit, ce qui implique une réflexion sur sa forme et sur ses règles. Il faut donc penser l’institution, mais à ce stade de notre développement il convient de souligner deux éléments importants :

A. A la différence d’autres institutions plus ou moins contingentes, l’institution politique est nécessaire, elle ne se décrète pas, elle s’impose à nous de par notre nature d’animal politique (en effet, il ne saurait exister de cité sans gouvernement). Il n’y a pas, à la naissance de l’institution politique, de contrat social. En revanche, il y a bien intervention humaine pour expliciter ses règles, pour lui donner sa forme. Il en va ainsi pour une autre institution : l’Eglise qui, elle non plus, ne découle pas de la volonté humaine, mais d’une prescription divine. Ses règles (le droit canon) sont le fruit de la réflexion des hommes : Il a fallu s’organiser pour mettre en œuvre le message divin en tenant compte des limites de la nature humaine. Ainsi le mode de désignation du pape, la nomination des évêques, la liturgie ont été pensés pour respecter le plus possible la volonté de Dieu.A. Il ne faudrait pas se méprendre sur l’expression “penser l’institution” en ce sens que ce n’est pas une pensée “a priori”, mais une pensée essentiellement inductive.

Il s’agit de tirer les leçons de l’observation du réel, de l’expérience et en fin de compte de l’Histoire.

          B) Degrés de légitimité d’une institution politique.

1. le défi des sociétés humaines est de se doter de l’institution politique la plus légitime. Dans une société Chrétienne, celle-ci doit revêtir un double aspect :

une légitimité théologique qui implique la reconnaissance de Jésus comme Roi, et le Père céleste comme principe de tout pouvoir. Cet aspect de la légitimité est révélé et demandé expressément dans la Bible par Dieu Lui-même.

une légitimité naturelle : l’institution politique la plus légitime est celle qui réalise au mieux le bien commun. (Saint Thomas identifie le bien commun à l’unité harmonieuse, la concorde entre les citoyens).

La quête de la légitimité naturelle résulte de l’observation et de l’étude de la nature humaine. Elle tient compte de données multiples, comme l’histoire du peuple, son tempérament, ses coutumes…

En résumé :

la reconnaissance de Dieu comme source de pouvoir relève de la légitimité théologique,

la désignation de l’autorité pour un bien commun optimum relève de la légitimité naturelle.

A ce propos, l’exemple de la constitution de l’Ancienne France (lois fondamentales du Royaume) est très significatif. D’une part, le roi reconnaît institutionnellement, lors du sacre, la souveraineté du Christ vrai Roi de France, ainsi que les lois de son Eglise. D’autre part, la constitution assure le bien commun, l’unité, en désignant clairement le monarque par sa naissance. En effet, en soustrayant la désignation de l’autorité au choix humain, elle épargne au peuple les luttes des factions, des partis pour la conquête du pouvoir.

II – Leçons tirées de l’histoire des institutions.

         A)  L’empire romain.

Dans l’Antiquité le gouvernement Monarchique est le plus universellement répandu. Il ne faut pas s’en étonner, n’est-il pas le plus légitime naturellement, le plus conforme au bien commun ? En effet nous explique Saint Thomas :

Il est manifeste que ce qui est un par soi peut mieux réaliser l’unité que ce qui est multiple. De même la cause la plus efficace de chaleur est ce qui est chaud par soi. Donc le gouvernement d’un seul est plus utile que celui de plusieurs (De Regno II 23-27).

Le Christ pantocrator du monastère Sainte-Catherine du Sinaï, VIe siècle après JC. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jésus-Christ

C’est dans un monde gouverné par un empereur que le Christ vient, et que les premières communautés Chrétiennes se développent. Le Christianisme apporte cependant une nouveauté capitale : tout le monde s’accorde à reconnaître le civisme des chrétiens, leur dévouement envers l’empereur mais ceux-ci refusent de l’adorer comme un dieu. En dépit ou grâce aux persécutions dont il fait l’objet, le christianisme s’étend à toutes les couches de la société.

En 313 l’empereur Constantin promulgue l’Edit de Milan qui accorde la liberté de culte aux Chrétiens. Après un bref retour à la persécution, en 380 l’empereur Théodose déclare le christianisme religion d’Etat et en 392 il interdit les cultes païens et hérétiques. Les conciles de Nicée (325), de Constantinople (381) et de Chalcédoine (451) ont été convoqués par l’empereur. Quelquefois celui-ci s’immisce dans le concile et même le préside. En 476 c’est un empire chrétien qui disparaît quand l’empereur Romulus Augustule est déposé par le chef barbare Odoacre.

Comment ?! Comment une Cité dont les institutions devenaient Chrétiennes (donc Légitimes théologiquement) a-t-elle pu s’effondrer de la sorte ? !

Un observateur Catholique se doit de trouver une réponse à cette question. Or que découvre-t-on à l’étude de la chronologie des empereurs ? Une grande instabilité politique.

La Grâce ne va pas contre la nature, elle s’y ajoute, l’accomplit. Le caractère Chrétien des institutions romaines n’a pas suffi à les sauver de leurs insuffisances naturelles.

            B) La Royauté Mérovingienne (496 – 751).

A la chute de l’empire romain d’occident une institution survit : l’Eglise.

Même si localement certains évêques commandent la Cité, en vertu de la distinction des deux pouvoirs temporel et spirituel, les autorités religieuses, à l’instar de Saint Rémi, cherchent à instaurer une nouvelle autorité politique. Leur choix se porte sur Clovis, barbare franc qui en acceptant le baptême (Noël 496) reconnaît une Royauté supérieure à la sienne : celle du Christ. Cet acte lui octroie une Légitimité théologique reconnue par de nombreux peuples. L’unité se refait, un nouvel espoir de cité Chrétienne naît. Le Testament de Saint-Rémy expose la vocation Catholique de la France et de ses Rois. Il en découle que le Roi salique (la Loi salique est antérieure au Bpatême de Clovis) doit être Catholique et maintenir la foi Catholique dans L’Etat Franc et la Courronne de France : pour celà il doit être Sacré, inviolable et Souverain, il doit être de Naissance Légale et gouverner par Grand Conseil.

Hélas! Clovis a une conception du pouvoir qui est celle d’un barbare :

-sa légitimité naturelle se fonde sur sa force et son charisme (qualités bien aléatoires dans sa descendance).

-le pays constitue un bien personnel du Monarque et, avant de mourir, il partage son Royaume entre ses quatre fils. Nous sommes donc en présence d’une institution politique extrêmement rudimentaire bien éloignée du souci du bien commun.

Toute l’histoire des Mérovingiens (soit 255 ans) est émaillée de partages, de réunifications (6 réunifications totales) à force d’assassinats, de fratricides engendrant des guerres civiles.

Ces instabilités institutionnelles provoquent :

-L’affaiblissement de l’autorité politique.

-La disparition progressive des reliquats de l’administration romaine.

-L’anarchie dans la hiérarchie religieuse ; diocèses sans évêque ; diocèses avec deux évêques ennemis ; absence de concile ; inculture et débauche du clergé séculier (la propagation de la foi est assurée par le monachisme qui connaît en ce temps une grande expansion).

-La disparition de l’écriture (les ordres et les lois cessent d’être formulés par écrit).

-La violence et l’anarchie des comportements.

Bien que Légitime du point de vue théologique, à cause d’une Légitimité naturelle très imparfaite, la Monarchie Mérovingienne, qui pourtant chasse l’hérésie arienne, s’achève sur fond de déliquescence politique (les Rois fainéants), de profondes divisions raciales, d’invasion musulmane.

Emperor Charlemagne, by Albrecht Dürer (1471-1528). Copyright Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg.

C) La Royauté Carolingienne (751-987).

Un redressement va s’opérer grâce aux efforts conjugués d’un moine (Saint Boniface), d’un pape et d’une famille soucieuse du bien commun : les maires du palais d’Austrasie. Ces derniers, Charles Martel -le fondateur de la dynastie- puis son fils Pépin sont les artisans de la victoire sur les Sarrasins. Tous ces acteurs ont à cœur de réaliser un projet grandiose élaboré dans les monastères : l’unité de l’Occident dans le Christianisme par une union étroite du pape et du Roi.

Avec les Carolingiens, la légitimité théologique trouve un plein épanouissement :

A) . Le Roi Salique, catholique, héréditaire et de Naissance Légale est le protecteur actif de l’Eglise, il gouverne par Grand Conseil pour chasser l’hérésie et étendre Une Foi, un Roi une Loi de la Catalogne à la Pologne, au besoin il convoque et préside même un concile. Les descendants de Pépin le Bref sont imprégnés des paroles d’Isidore de Séville (un des principaux théoriciens de cette monarchie) :

Que les princes des siècles sachent que Dieu leur demandera des comptes au sujet de l’Eglise, confiée par Dieu à leur protection.

Et :

La paix et la discipline ecclésiastique doivent se consolider par l’action des Princes fidèles.

2. Par la cérémonie du Sacre il reconnaît que sa Royauté vient de Dieu et qu’il Lui doit des comptes sur le salut du peuple qui lui a été confié. Sa personne devient “inviolable” car Sacrée.

Dans l’ordre de la légitimité naturelle, les Carolingiens font leur le principe résumé par l’évêque Jonas d’Orléans :

La fonction Royale est de gouverner et régir le peuple de Dieu avec équité et justice, pour qu’il puisse conserver la paix et la concorde.

De fait, la dynastie commence avec une série de Rois très pieux, énergiques, organisateurs, tournés vers le bien commun. L’unité de l’Occident et son redressement sont réalisés par le génial Charlemagne à la faveur d’un long règne (46 ans).

On a parlé à juste titre de renaissance Carolingienne :

-Administration centralisée et efficace : le royaume est divisé en provinces à la tête desquelles le roi désigne un comte qui est son représentant.

-Renouveau intellectuel et religieux. On redécouvre le latin et le grec, on débarrasse les écritures saintes des ajouts et des fautes de traduction des copistes.

               https://lesvisitesdelauriane.fr/plan-de-labbaye-de-saint-gall-ixe-siecle/

-De nombreuses écoles sont ouvertes auprès des évêchés et des monastères, destinées à fournir un clergé compétent et des administrateurs convenablement instruits.

-Les ordres sont à nouveau formulés par écrit.

-Essor de la littérature, des sciences, des arts décoratifs, de l’architecture, de l’industrie textile.

Du Saint Empire Romain et Franc des Caroligiens, dit Francie, on pourra dire :

– Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière (1 Pierre 2 :9).

Malheureusement les institutions politiques conservent une tare héritée des Mérovingiens: à la mort du Roi, le Royaume est divisé entre ses fils. Et si au début les circonstances et les bonnes volontés permettent de surmonter ce danger, il n’en va plus de même à partir des petits-fils de Charlemagne qui se déchirent et didivisent le saint Empire Romain en trois : la France n’en est que la partie occidentale.

Une fois de plus et malgré une légitimité théologique certaine, une institution politique est impuissante à juguler les forces de dissociation parce qu’inachevée du point de vue de la Légitimité naturelle.

 

https://lezarbres.wordpress.com/2021/03/20/des-racines-et-des-arbres-comment-ca-marche/

D) Le bouleversement Capétien (987-1789).

En 987 Hugues Capet est élu Roi par les grands puis Sacré, sous la pression du puissant archevêque de Reims : Adalbéron. Le Songe d’Hugues Capet lui aprophétisé qu’il sera Roi et que ses descendants seront à la tête du Royaume des Francs, à condition qu’il institue la Loi de Primogéniture Mâle. Lors de l’élection, Aldalbéron (à qui Hugues Capet a raconté son rêve) expose le point de vue suivant : étant donnée l’expérience passée, pour épargner au pays les divisions entre héritiers, la Monarchie ne doit plus être élective mais héréditaire.

Très habilement, de son vivant, Hugues Capet fait élire puis sacrer son fils aîné. Ses successeurs feront de même et il faudra attendre la fin du XII e siècle pour que les Capétiens, sûrs d’eux, se passent du sacre anticipé. Selon les préceptes donnés lors du Songe d’Hugues Capet, le Royaume n’est plus partagé entre les enfants : seul l’aîné succède, ce qui assure stabilité et continuité, mais l’Aîné Salique, Catholique, héréditaire et de Naissance Légale, la Légitimité naturelle du pouvoir réalise un grand pas et la Légitimité Théologique se voir renforcée par la continuité Royale. Cet événement capital passe pourtant complètement inaperçu à ses contemporains, probablement parce qu’il est sans effet perceptible immédiat. Il faudra attendre les années 1110 et le règne de l’énergique Louis VI le Gros pour que le Monarque héréditaire prenne le pas sur les grands féodaux rebels et que l’on retrouve un ordre hiérarchique au sommet duquel on trouve le Roi. Ce renouveau fait écho à la réforme grégorienne de l’Eglise.

Un des éléments de cette réforme consiste à établir une hiérarchie, non par les hommes mais par la terre. Si un homme peut être plusieurs fois vassal de seigneurs différents, en revanche la terre n’est “vassale” que d’une autre. Un fief “meut” donc d’un autre fief et ainsi de suite jusqu’au Royaume, jusqu’au Roi. Louis VI aidé de Suger, abbé de Saint Denis et de nombreux clercs du Royaume parvient peu à peu à imposer cette idée.

Les Lois Fondamentales du Royaume de France https://chartedefontevraultprovidentialisme.wordpress.com/2013/09/23/les-lois-fondamentales-du-royaume-de-france-constitution-de-lancienne-france/comment-page-1/ , données lors du Songes d’Hugues Capet, règlent les conditions à la sucesssion au Trône comme le mode de gouvernement Royal : nouveau progrès de la légitimité naturelle, la continuité du pouvoir est assurée sans guerre civile.

La renaissance de l’autorité politique Royale s’accompagne très rapidement d’autres progrès :

-Redécouverte de la pensée de saint Augustin, des philosophes antiques, de la logique aristotélicienne, du droit romain.

-Construction d’écoles (dans les villes et autour des églises épiscopales), qui préfigurent les futures universités.

-Renouveau littéraire : naissance du roman courtois ; roman de la Table Ronde…

            https://www.lesmaconsparisiens.fr/histoire/paris-et-linvention-de-lart-gothique/

-Renouveau architectural : naissance de l’art gothique appelé à l’époque “ l’art français” ; construction des cathédrales.

-Echanges commerciaux et intellectuels intensifs. Pendant près de 300 ans le Roi a toujours au moins un fils, c’est ce que l’on a appelé “le Miracle Capétien”, jamais une fille ne succède.

En 1316 Louis X meurt en laissant une fille et une reine enceinte. Faute de garçon la jeune fille va-t-elle succéder ? La Reine met au monde un fils, Jean I er dit le posthume  qui ne vit que quelques jours. Philippe succède sous le nom de Philippe V : la loi de collatéralité est entérinée et conforte la loi de primogéniture mâle.

Les institutions de la Monarchie Capétienne, Catholique et Royale, sont donc les plus légitimes : Elles réalisent le mieux le bien commun par l’ordre, la stabilité et la continuité qu’elles procurent. La stabilité de l’institution leur permet, génération après génération, de reconstruire solidement ce que les temps féodaux ont morcelé. En outre cette légitimité naturelle permet à la légitimité théologique d’apporter ses plus beaux fruits : recul de la féodalité, développement de l’Eglise, des institutions civiles Chrétiennes (chevalerie, confréries bourgeoises caritatives, corporations de métiers…), de l’esprit missionnaire.

L’histoire de France montre que le titre de Fille Aînée de l’Eglise n’est pas usurpé. Il convient de rappeler encore que cette institution politique a reçu à maintes reprises l’approbation de Dieu (mission de Sainte Jeanne d’Arc, apparitions du Sacré-Cœur à Sainte Marguerite Marie, apparitions du Christ Roi à Sainte Catherine Labouré quelques jours avant la Révolution orléaniste de juillet 1830…) : « une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis »…

III – Les temps de révolution.

1. La Révolution contre les institutions.

Au XVIII e siècle se propagent les idées de Jean Jacques ROUSSEAU selon lesquelles:

-Les hommes sont bons par nature.

-Originellement ils n’avaient besoin de rien, ils étaient libres et égaux, ils étaient heureux.

-C’est la vie en société qui les a corrompus et a fait leur malheur.

-Pour retrouver ce paradis originel, il faut rendre les hommes libres et égaux. S’ils sont égaux, nul ne peut commander à l’autre, tous doivent commander : c’est la démocratie. La légitimité ne provient ni de Dieu ni de la réalisation du bien commun mais du peuple. Liberté Egalité Fraternité constitue le credo des révolutionnaires, le “Contrat social” de Rousseau, leur bible.

Or justement les institutions imposent à l’homme l’obéissance à une hiérarchie qu’il n’a pas choisie : obéissance s’oppose à liberté ; hiérarchie s’oppose à égalité. Dès lors la Révolution n’a de cesse de combattre les institutions, de “libérer” les hommes de leur joug :

-Destruction de l’Eglise comme insitution écclésiatique (détruire le fanatisme, on dit aujourd’hui l’intégrisme).

– Destruction de l’institution monarchique, qui portégeait l’Eglise.

-Destruction du mariage et de la famille (divorce, avortement, contraception, remise en cause de l’autorité paternelle…), cellule de base de la société Chrétienne.

-Destruction des corporations, qui organisaoitent Chrètuennement les métiers.

-Destruction des provinces, qui enracinaient les familles Chrétiennes.

On en viendrait presque à penser que la Révolution fut une oeuvre satanique, et que la démocratie est sa ligne de pensée (et, par là, son instrument).

2. Les tentatives de rétablissement d’institutions politiques Chrétiennes.

Des régimes comme ceux de Garcia Moreno en Equateur, de Franco en Espagne et de Salazar au Portugal sont autant de tentatives de restauration de véritables institutions:

-Les partis sont interdits car facteurs de divisions.

-Les institutions civiles traditionnelles sont encouragées (politiques familiales, restaurations de corps de métier…).

-Les institutions politiques sont Chrétiennes.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_García_Moreno

Malheureusement ces beaux édifices s’écroulent à la mort de l’homme fort et le pays retourne immanquablement à la Révolution. Sur le plan de la Légitimité naturelle, ces institutions sont donc très imparfaites, plus fragiles encore que celles du Bas Empire romain ou que celles de la monarchie carolingienne.

Conclusion.

En guise de conclusion nous ferons trois constats :

-Il est impossible d’envisager une politique Chrétienne durable dans le cadre démocratique, cela n’a jamais existé dans l’histoire. Continuer d’affirmer que c’est pourtant théoriquement possible relève de l’utopie car contraire aux faits.

-La dictature Chrétienne possède du point de vue naturel une légitimité très faible : son instabilité ne garantit pas la pérennité du bien commun.

-La mise en place d’une institution politique ne s’improvise pas : nous avons montré plus haut que le défi des sociétés humaines est de se doter de l’institution politique la plus légitime. Dans une société Chrétienne, celle-ci doit revêtir, redisons-le, un double aspect :

1. la reconnaissance de Dieu comme source de pouvoir relève de la Légitimité théologique,

2. la désignation de l’autorité pour un bien commun optimum relève de la Légitimité naturelle.

Or historiquement, seule la Monarchie Capétienne, catholique et Royale, interrompue en 1830, a possédé cette double Légitinité.

Nous le voyons : il est impossible de faire l’économie d’une réflexion sur les institutions. Et le Songe d’Hugues Capet nous donne les Lois Fondamentales du Royaume de France qui assoient les instituions Catholique et Royale de la France.

Restaurée aujourd’hui, l’institution Royale, la Monarchie Légitime, -Salique et héréditaire, Catholique, Capétienne et de Naissance Légale- possèderait trois leviers pour gouverner, à savoir le COURAGE qu’apporte le long terme, la LIBERTE qu’apporte la Souveraineté, la JUSTICE qu’apporte l’esprit Chrétien.

La continuité Royale, assurée par l’hérédité, retire le pouvoir aux luttes partisannes, aux ambitions personnelles et à la corruption, et peut dès lors assurer le Bien Commun du peuple Français et la pérénité de la France comme de sa vocation Catholique, le Roi de France, nouveau Constantin, devant gouverner chrétienement :

-…pour le Bien Commun et le salut de l’Etat (Edit de juillet 1717) !

          LE ROI, C’EST LA PRESENCE DU SACRE DANS LE POUVOIR, LA CONTINUITE DE LA FRANCE AU-DELA DE LA REPUBLIQUE, LE DESTIN NATIONAL INCARNE PAR UN SOUVERAIN INDEPENDANT DES CAPPRICES DU SUFFRAGE UNIVERSEL ET DU DIKTAT DES BANQUES, DES LOBBIES ET DES ONG    (Organisations Non Gouvernementales)

Notre travail à nous, Royalistes, est de recouronner Dieu et la France.

Hervé J. VOLTO, Président Honoraire de la Charte de Fontevrault (Président 1991-1994), Chroniqueur et Mémorialiste, membre du Chapitre Général et Délégué Officiel pour l’Italie

7 thoughts on “Hervé Volto. LE SONGE D’HUGUES CAPET

  1. Hervé J. VOLTO

    Si pour les Royalistes Providentialistes, il n’est d’autre chemin que de s’en remettre à la Providence divine, en l’occurrence à Jésus par Marie par la prière et par l’action, il n’en reste pas moins que pour nos esprits humains faibles et corruptibles, une incarnation est souvent souhaitable. Conscient de cette nécessité, d’ailleurs plus Politique que véritabement biologique, les Royalistes Régentistes proposent de reconnaître le Prince Louis de Bourbon, Duc d’Anjou – et pas sous la titulature de Louis XX, il y a là plus qu’une nuance!- en tant qu’AINE VISIBLE des Bourbons. Cette Régence en l’attente de la survenance de l’AINE SALIQUE le Prince henri de La Croix, Duc de Bretagne (Ainé Salique, Catholique et de Naissance Légale) dont seul Dieu sait si, et quand, elle se produira doit être bien comprise. Elle doit d’abord être distinguée des périodes de Régence telles que l’Ancien régime en a connu quelques unes

    Hervé Volto. Louise Marie Thérèse d’Artois (1819-1864)

    Reply
      1. Alain Texier Post author

        Il est en effet vraisemblable qu’un si beau texte a été nourri à plusieurs sources. Si tu pouvais Hervé, nous en indiquer les sources.

        Reply
  2. Hervé J. VOLTO

    Le songe d’Hugues Capet ou la prophétie de Saint Valérien
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Proph%C3%A9tie_de_saint_Valery

    Deux auteurs originaires des monastères de Saint-Valery et de Saint-Riquier, dans la Somme, affirment peu après que saint Valery est apparu à Hugues Capet pour lui promettre que ses successeurs régneraient sur le royaume des Francs « jusqu’à la septième génération » et qu’à partir de là, la Loi de Priimogéniture male aurait assuré le “Miracle Capérien” (Historia relationis corporis Sancti Walarici, RHF, t. IX, p. 147-149 et Cronica Centulensi sive Sancti Richarii, RHF, t. VIII, p. 273-75).

    Les 7 Rois se succédant de père en fils sont :

    Hugues Capet (987-996)
    Robert II le Pieux (996-1031)
    Henri Ier (1031-1060)
    Philippe Ier (1060-1108)
    Louis VI le Gros (1108-1137)
    Louis VII le Jeune (1137-1180)
    Philippe II Auguste (1180-1223)

    Louis VIII le Lion (1223-1226) est le permier Roi capétien qui n’est pas Sacré du vivant de son père. Mais désormais, la tardition de la succession De male en male par ordre de primogéniture est enracinée.

    Reply
  3. Hervé J. VOLTO

    Ce qu’il faut comprendre, c’est que les Lois Fondamentales du Royaume de France 

    LES LOIS FONDAMENTALES DU ROYAUME DE FRANCE, CONSTITUTION DE L’ANCIENNE FRANCE


    données lors du Songes d’Hugues Capet, règlent les conditions à la sucesssion au Trône comme le mode de gouvernement Royal : nouveau progrès de la légitimité naturelle, la continuité du pouvoir est assurée sans guerre civile.

    Selon les préceptes donnés lors du Songe d’Hugues Capet, le Royaume n’est plus partagé entre les enfants : seul l’aîné succède, ce qui assure stabilité et continuité, mais l’Aîné Salique, Catholique, héréditaire et de Naissance Légale, la Légitimité naturelle du pouvoir réalise un grand pas et la Légitimité Théologique se voir renforcée par la continuité Royale.

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